Directeur dans une grande entreprise pour laquelle il travaille depuis plus de vingt ans, Damien (prénom d’emprunt) représente le succès : sportif émérite, très bon entregent, fidèle à l’entreprise et à ses valeurs. Il est tourné vers la performance, travaille beaucoup pour délivrer le meilleur résultat. Il est d’apparence calme et concentré.
Il me contacte pourtant pour me demander de l’aider à traverser une période de manque d’énergie. Il me raconte qu’un matin il n’a pu se lever pour aller travailler, il pleurait sans raison. Son médecin diagnostique un burnout et lui conseille un repos d’une semaine. Malgré une envie de travailler à son retour, il se sent épuisé et souffre de vertiges. Des analyses confirment le burnout, un mois d’arrêt lui est préconisé.
Trois symptômes de burnout
Le burnout est le dernier stade de l’épuisement, quand le corps et l’esprit s’arrêtent. Avant cette rupture, trois symptômes sont observables : 1) l’épuisement émotionnel : on se sent vide, épuisé, au bord des émotions, on a peur d’aller au travail ; 2) la dépersonnalisation : on devient négatif, cynique, maltraitant ; 3) le manque d’accomplissement : l’estime de soi baisse, on vit un sentiment d’échec et de dévalorisation.
Les personnes avec des idéaux de réussite et qui lient l’estime de soi à la performance professionnelle sont des candidats au burn-out. Leur moteur, c’est la reconnaissance, et quand elle est remplacée par la critique, la machine se grippe. Damien a toujours reçu les éloges de la direction générale, jusqu’à l’arrivée il y a trois ans d’un supérieur hiérarchique adepte du micromanagement et du contrôle. Celui-ci pointe des erreurs qui n’en sont pas, critique les options proposées, corrige sa syntaxe. Damien perd peu à peu confiance. Il redouble d’efforts, s’inquiète des réactions de son chef et tombe dans une anxiété chronique, une émotion qui impose une baisse d’énergie. Quand les troubles du sommeil apparaissent, le cercle vicieux du stress s’enclenche. Sa performance diminue, il en fait plus pour compenser, ce qui renforce l’épuisement.
Echapper à l’impuissance acquise
Le préalable pour sortir d’un burn-out est d’identifier sa cause. Damien est tombé sous le coup de « l’impuissance acquise », un phénomène de dévalorisation qui réduit les capacités cognitives. C’est un état psychologique proche de l’anxiété et du désespoir causé par l’apprentissage de l’absence de maîtrise. La répétition de remarques négatives a détruit son estime et sa certitude de pouvoir contrôler son environnement. La confiance en soi est essentielle à la performance. Elle est pourtant fragile et peut disparaître par manque de reconnaissance. Je lui propose de garder en tête que ces remarques en disent plus sur son auteur que sur ses propres compétences. C’est la marque d’un besoin de contrôle de son supérieur, qui est probablement lui aussi sous stress chronique.
Pour retrouver une confiance profonde, Damien doit s’appuyer sur ses succès précédents et l’excellence de sa carrière. Ses réalisations sont autant de preuves de ses capacités. Nous travaillons également à séparer l’émotion de danger qui s’est associée au lieu de travail. Sans cette opération de dissociation, il sera sous l’emprise du stress chaque fois qu’il sera dans son entreprise, tel un réflexe de Pavlov. Grâce à la technique de l’imagerie mentale, Damien se projette dans le futur en associant son activité professionnelle avec des émotions de confiance. Le chemin est long mais l’évolution est constante. Retrouver sa pleine énergie après un burn-out est un processus qui implique d’adopter de nouveaux comportements au travail. Aujourd’hui, Damien a retrouvé son énergie et une distance émotionnelle qui lui a permis d’aborder le problème avec son supérieur. Le message est passé, les critiques ont été remplacées par des encouragements.
© Denis Inkei