« Ce qui m’intéresse, ce sont vos idées sur la performance appliquées au travail. Le stress n’est pas un problème, je peux le gérer. » C’est ainsi que Stéphane (prénom d’emprunt), chef du contrôle des risques dans un institut financier, me présente sa demande. Son objectif est de fournir le meilleur service, il s’impose une exigence de qualité qu’il transmet à sa dizaine de collaborateurs. Il me confie être souvent irrité ou impatient quand certains ne vont pas droit au but ou quand il n’arrive pas à imposer son rythme. « Je vis à flux tendu, le moindre grain de sable est traité et tout risque anticipé. Je gère plutôt bien cette pression, mes inquiétudes se portent sur le futur de mes enfants. » Il impute sa fatigue à un trop-plein d’activités et ses fréquents réveils nocturnes à des idées importantes sur le travail.
Stéphane présente les symptômes d’un stress chronique, à l’instar du 45 % de la population active suisse (le quart des travailleurs est dans une zone de stress critique, selon le « job stress index 2016 » de Promotion Santé Suisse). Je veux lui faire comprendre que s’il veut être plus performant, il doit diminuer son stress, un état physiologique grand consommateur d’énergie. La notion de performance est souvent associée à l’obtention d’un résultat, qu’importe l’énergie à investir. Mais peut-on parler de performance quand l’individu tombe en burn-out pour l’atteindre ?
Trois réponses de stress
Je propose à Stéphane d’appréhender la performance comme un état plutôt qu’un résultat. L’état de performance permet d’exploiter toutes nos capacités cognitives avec une dépense minimum d’énergie. Il est caractérisé par un fonctionnement physiologique optimal et par un esprit tourné vers l’engagement. La notion de préservation d’énergie est au cœur de cet état, qui est à l’opposé de celui de stress.
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Le stress est une réaction d’adaptation de l’organisme face à un danger perçu. Cette réponse de survie ancrée en nous depuis 150’000 ans fait réagir de la même manière que le danger soit réel (une agression) ou virtuel (pression des délais, exigence de résultat…). Selon l’évaluation inconsciente de nos capacités, notre état se transforme en mode d’ATTAQUE (on pense pouvoir surmonter la situation), de FUITE (doute sur l’issue de l’engagement) ou d’INHIBITION (certitude d’échec). Au quotidien, on vit ces différents états. Irrité, impatient ou en colère, c’est l’attaque ; peur, envie d’être ailleurs, c’est la fuite ; anxieux mais passif, c’est l’inhibition. La répétition de ces épisodes créée un stress chronique. La mobilisation constante de l’organisme épuise les ressources énergétiques et impacte les capacités cognitives.
Les ingrédients de la performance
L’état de stress et celui de performance sont aux opposés d’un continuum qui va de l’entropie psychique (déperdition d’énergie) à l’expérience optimale (le flow). Sous stress, le haut du corps est tendu, le bas est fébrile et la respiration faible. Les pensées sont tournées vers les dangers. En état de performance, le haut du corps est relâché, le bas solide et la respiration complète (utilisation du diaphragme). L’esprit est concentré dans l’action.
L’objectif de Stéphane est de changer ses comportements en action. Plutôt que de décharger les tensions accumulées durant la journée, mieux vaut ne pas s’en charger, l’énergie est préservée. À chaque fois qu’il observe une tension physique ou mentale, il l’invalide par l’état opposé : les épaules se relâchent, les pieds s’ancrent et la respiration est complète. Petit à petit, les réponses de stress vont diminuer et l’état de performance s’automatiser. Il doit aussi être attentif au contenu de son mental. Face à chaque anxiété, impatience ou doute, il peut se rappeler les trois ingrédients de la performance, qu’elle soit physique ou cognitive : la confiance, la souplesse et l’imagination. À méditer.
© Denis Inkei
